Berliet missions Tchad & Ténéré

Berliet missions Tchad et Ténéré camions et Land Rover

Le Sahara ; 43.000 Km2 de sable et de pierres. Il est depuis des centaines d’années… des millénaires, l’un des lieux les plus mystérieux et des plus magiques de notre planète. Des fables y sont nées, et elles sont tenaces en Afrique. Aujourd’hui, aux grés du vent et de l’aventure humaine la légende perdure, rien n’a changé… Comme éternel, ce désert possède en son cœur le plus profond celui que l’on  appelle depuis si longtemps, le désert des déserts… Le Ténéré… Un nom qui tinte comme un aimant, les hommes s’y sont mesurés avec leurs moyens dérisoires, à pieds, à dos de dromadaires, en moto, en voiture, en avion… Pour y trouver quoi ?… Eux même ?… Connaître leurs limites ?… On ne le sait toujours pas… Car dans le désert, l’aventure continue !

Loin de nous l’idée de vous donner la réponse, nous allons juste essayer de vous faire découvrir un chapitre de l’histoire de cette « conquête » auquel participèrent des Land rover. Il s’agit du chapitre Berliet et de ses célèbres missions Ténéré et Tchad… Berliet utilisa pendant des années des Land et nous avons retrouvé grâce à la Fondation Berliet à Lyon des documents qui justifient à eux seuls de raconter cette formidable aventure._DSC0014

Histoire-géo…  Prenez vos cahiers…

La France au début du siècle (le 20éme siècle !) est immense. Les colonies, sont une source inépuisable de richesses. L’Algérie est la tête de pont de L’A.O.F (Afrique Occidentale Française) qui regroupe sous ces simples initiales ; le Sénégal, le Mali, la Mauritanie, la Haute Volta, le Dahomey, la Côte d’ivoire, le Niger, la Guinée Française… extraordinaires territoires démesurés qui restent pourtant enclavés qui n’exportent leurs richesses que par voies de mer… problème logistique encore plus difficile à résoudre en ce qui concerne le Tchad et l’Afrique Centrale aux frontières de l’A.O.F qui disposent de moyens de transport et d’axes de circulations dérisoires ! La conquête de Sahara aura dans un premier temps pour but de protéger ces territoires, puis ce sera le tour du développement commercial de ceux-ci. Ensuite bien plus tard, les intérêts pétroliers prendront le pas sur tout le reste… et nous vivons encore sous cette influence. Si au début du siècle les projets les plus farfelus voient le jour, dans les années soixante les moyens techniques ont évolué et la mission Ténéré sera capable avec 9 camions de transporter autant de charges que les 1 000 dromadaires du Général Laperrine quelques décennies auparavant !

La société lyonnaise Berliet, fabrique depuis longtemps déjà des véhicules très répandus dans toute la France métropolitaine et ses colonies. Des bus, des camions, qui déjà avant la deuxième guerre mondiale n’ont plus rien à prouver quand à leurs «performances » et robustesse.

En Afrique, au début, il est hors de question de quitter les routes où les pistes « en dur » car les roues à bandes caoutchouc limitent les capacités de franchissements des véhicules… Les expériences furent nombreuses, la croisière noire de Citroën est la première réussite mécanique… et médiatique, mais avec des autochenilles. La véritable révolution arrive avec le pneu Michelin… Adieu, chenilles, bandes de tissus, roues en fer type tracteur, le règne du Bibendum commence… Plus tard les concurrents, comme Dunlop, joueront aussi le jeu. En quelques années le pneu à chambre à air et les « tôles » (plaques PSP ou plaques de désensablage) permettront de se sortir des plus mauvais passages dans le sable, qui, il faut le rappeler est capable d’engloutir complètement un véhicule en quelques minutes dans le pire des cas… Foi de chauffeurs Berliet ! Berliet lancé dans différentes missions afin de faire évoluer le matériel existant organisera dès 1938 un rallye au Gazogène à une époque où les plaques de désensablage sont encore des branches et des buissons que l’on transporte sur les véhicules car en plein désert c’est souvent rare.

La deuxième évolution, sera, le Diesel. Il permet de rouler avec des carburants de plus où moins bonne qualité sans problème… Une de ces aventures finira avec de l’huile de palme dans les réservoirs ! Evidemment les performances sont en baisse ! Mais on rentre quand même. Pour votre information, sachez que l’huile d’olive fonctionne aussi… (Rien de nouveau que notre combat pour le Colza dans les stations services… 66 ans plus tard !). Toutes les « ballades » aller-retour de cette fin des années 40 se déroulent sur environ 5000 Km et durent en moyenne 1 mois. Les  « Alger-Abidjan », les « Alger-Fort Polignac », les « Alger-Assi Messaoud », les « Oran-Touggourt » s’enchaînent avec pour étape Ouargla, Djanet surtout Tamanrasset où se trouve le plus important fort français du sud. Les enseignements sont à chaque fois scrupuleusement notés et répertoriés par Maurice Berliet qui au fur et à mesure des années deviendra le grand expert du désert de la firme familiale et de ce fait, des véhicules utilitaires de la marque. A chaque nouveau départ les camions ont évolué en fonction des problèmes mécaniques survenus pendant le précédant itinéraires.Mission berliet005

Les problèmes à résoudre liés au tout terrain sont énormes bien qu’en même temps la marque Berliet soit omniprésente sur tous les réseaux « viabilisés » de nos colonies. Tout y passe, motorisation et puissance, consommation, chauffe moteur, suspensions (lames), châssis, rapports de boîte de vitesses, boîte de transfert, tonnage transportable, les ponts 4×4, 4×6, 6×6, et bien sûr les pneumatiques. Un nouvel élément essentiel qui peut vous rendre la vie impossible où paradisiaque (si c’est possible en plein désert…). Le confort des chauffeurs (et de son « graisseur ») sera aussi une priorité. Maurice Berliet veillera à aménager des cabines souvent surchauffées. On n’y installera pas la clim évidemment, mais, comme sur les Lands, au lieu de petits volets, ce sera les pare- brises qui s’entrouvriront, un must à cette époque. Autre exemple de problème résolu grâce au savoir-faire acquis durant toutes ces années ; les franchissements de dunes se passaient souvent mal du fait que les camions 6X6 une fois arrivés sur la crête de la dune avaient le troisième pont (et dernier) les roues en l’air. Ceci provoquait une perte importante de motricité et assez souvent le plantage. Le problème fut résolu dès la mission suivante après avoir « simplement » augmenté le débattement du dit dernier pont. Ainsi  il continuait à « motricer » une fois le nez du camion passé de l’autre coté de la dune.

Ces missions successives constitueraient un merveilleux roman fleuve et nous nous contenterons ici de vous survoler les deux plus célèbres d’entre elles. La « Mission Ténéré » et la « Mission Tchad », sortes d’aboutissements de plus de vingt ans de travail, de mises aux points et d’aventures. Nous ne pourrons non plus développer l’évolution des camions Berliet, les GLC, les GDM, les GLM, les GLR, les GBO, les TLM, les T6, les T 100, dont certains d’entre vous gardent certainement un souvenir ému pour en avoir conduit pendant leur service militaire dans le train, le génie et autres régiments motorisés.

Des nouvelles de vos anciens Berliet ? Sachez que nombre d’entre eux sont toujours de « service » et l’armée française vient de lancer un vaste programme afin de prolonger leur carrière jusqu’en 2015 ou 200.000 Km de plus !!! Précisons ici, que lors de toutes les missions Berliet dans le Sahara, l’armée Française sera présente. Aide précieuse en de nombreux postes militaires aux confins d’un désert encore peu sur (Il l’est resté !), en tant que conseillère par sa connaissance du terrain et bien sûr comme cliente potentielle sur un test grandeur nature.

Des Land Rover en éclaireurs…

Et nos Lands dans cette histoire… Soyons fiers et clairs… Ils seront toujours dans le coup dès leur création en 1948. Le matériel américain avait bien évidemment trouvé preneurs dans ces contrées sans avoir à faire de « réclames » comme on disait à l’époque, la guerre avait suffi à prouver les qualités du matériel. Mais, les fidèles « GMC » et « JEEP » des surplus de l’époque avaient de ce fait quatre ans de guerre et trois ou quatre ans de désert dans les pistons ! … Ca commençait à fatiguer. Alors, le petit nouveau de l’utilitaire tout terrain mondial arrive à point nommé avec ses « plus » que vous connaissez tous, carrosserie alu, châssis plus costaud et surtout, rapidement, plus d’espace utile grâce aux versions 86, 88 et 107 inch du série 1. Suivront les 88 et 109 séries 2 et 3… Preuve qu’a l’époque les frères Wilks, créateurs du Land Rover avaient rapidement répondu à une demande réelle du marché mondial. Leurs expériences en tant qu’utilisateurs de Jeep leur avaient fourni la bonne réponse…  « PLUS DE PLACE ! », « PLUS CONFORTABLE ! » et  «  PLUS COSTAUD ! »…Au risque de faire frémir les amoureux de la Jeep.Mission berliet023

Nos questions posées à Monsieur Maurice Berliet (que nous ne remercierons jamais assez de nous avoir accordé un peu de son temps), confirmèrent nos informations.

Pourquoi avoir choisi des véhicules Land Rover?

Tout simplement parce qu’en 1959, seuls Jeep et Land Rover proposaient ce type de véhicules légers, mais les jeeps étaient trop petites. Nous les avons commandées à Alger. Mais, j’ai demandé que plusieurs modifications soient apportées. Celles-ci ont été exécutées par un mécanicien à Hussien-dey prés d’Alger.

Quelles sont ces modifications ?

– Ajouter des pales supplémentaires au ventilateur pour améliorer le refroidissement.
– Monter une pompe électrique d’alimentation du carburateur.
– Installation d’une prise d’air supplémentaire dans le toit.
– Fermer le reniflard du moteur pour empêcher la poussière de s’introduire dans celui-ci.
– Renforcer le pont avant par un profilé pour éviter les ruptures.
– Établir une liaison entre la cuve du carburateur et le réservoir pour supprimer l’effet « vapeur-lock ».
– Ajouter un pare-soleil sur le pare-brise.

–  Avez-vous été satisfait de votre choix ?

Oui, il n’y eut pas un seul incident sur le parcours des missions Ténéré et Tchad sur l’ensemble de la flotte Land Rover. Lorsque Mr Berliet parle des Land Rover commandés, il ne s’agit pas des premiers série 1 commandés par Berliet dés 1948, mais, il s’agit des derniers nés plus modernes produit  à partir de 1956 ; les série 2. Une flotte de cinq Land Rover essence, composée de deux 88 bâchés (châssis court), et de trois 109 pick-up (châssis long),  tous équipés de « sand ladders » (échelle de sable… in english), d’un jeu de lames fixés au pare choc avant qui supporte aussi deux jerricans de 20 litres, un jeu pelle-pioche et les petits fanions de la mission sur les ailes. Berliet y installe une radio et de son imposante antenne pour les communications internes aux expéditions. Les gros postes Thompson destinés à rester en contact avec le reste du monde sont transportés dans les camions. Sur les photos de la mission Tchad, vous apercevrez un 109 station wagon bleu, tout à fait civilisé qui servira à transporter des personnalités et en y regardant de plus près, peut-être reconnaîtrez-vous un série 1, celui-ci est sûrement un accompagnateur où guide de la mission sur un certain tronçon. Ces derniers étaient en service depuis déjà des années sur les pistes des colonies françaises dans les sociétés de transport sahariennes, les industries minières où encore pétrolières, sociétés  toujours prêtent à aider Berliet dans ses missions, en tant que clientes potentielles. Les séries 2 étaient en vente depuis à peine deux ans. Donc, une révolution dans le monde du « Hors piste ».  Les Lands allaient donc servir « d’éclaireurs »… Un vrai luxe que Berliet avait décidé de s’offrir afin de prouver au monde entier que ses camions les GBC 8, 6X6 sortis des usines en 1956, déjà connus sous le nom de « Gazelles » étaient capables d’ouvrir le vieux  « rêve impérialiste » français ; une liaison commerciale Algérie-Tchad directe.

Mission Ténéré… Direction Fort Lamy (Tchad).

En 1959, Berliet atteint ici le point culminant de son histoire en organisant avec des moyens mécaniques extraordinaires pour l’époque les deux plus grandes expéditions traversant le grand, majestueux, mystérieux et effrayant Ténéré. Entre Alger, Ouargla, Fort Flatters et Djanet, le parcours sera à chaque fois « facile » car déjà connu et praticable. Il sera l’occasion d’embarquer au passage tous les participants, car au challenge de cette traversée déjà périlleuse, Berliet ajoute une mission scientifique géologique, botanique, zoologique, ethnologique, hydrologique, avec le grand espoir de retrouver des traces de vie préhistorique ! Une première qu’il espère médiatique. Afin de préparer ces « routes » de 10.000 Km, le « chef d’orchestre » technique, Maurice Berliet, confit la préparation de l’itinéraire au Général Laurent qui depuis son petit bimoteur Cessna sera l’ange gardien de la mission.Les moyens pour transporter matériels et personnels sont conséquents pour une autonomie complète de 60 personnes et 15000 Km.Mission berliet011

9 camions « Gazelles » :

1 Frigo (8 M3, une première !)
1 Eau potable (5000 L)
1 Essence (5000L)
1 Gas-oil (5000L)
1 Magasin
1 Atelier et radio
1 Matériel scientifique
1 Matériel de campement
1 Matériel cinéma
– 6 avant-gardes :
 1 Hélicoptère Bell  « reconnaissance »
5 Land Rover « éclaireurs »
14 véhicules, 60 personnes, savants, chauffeurs, graisseurs, radio, mécaniciens, journalistes, officiels transportés. Un vrai défi lancé au … Désert des déserts.

Le 17 Novembre 1959, la colonne se met en route dans un ordre immuable, l’hélicoptère Bell bourdonne au-dessus et confirme que la route prévue est conforme aux photos (le Ténéré au 1:50.000éme) que possède le Commandant Armand en bas dans son 109 en tête de la colonne. Il est suivi de deux autres Land, celui de Maurice Berliet, un 88 et d’un 109 transportant savants où journalistes. Les 9 Gazelles suivent et un 109 ferme la marche et informe par radio en cas d’arrêt de progression. Cette progression invariable traversera sans encombre l’oued Tafassasset, porte du Ténéré, pour arriver le 26 novembre à l’Arbre du Ténéré (encore présent à l’époque), le cœur du désert. Les savants ont déjà fait des découvertes archéologiques extraordinaires qui chaque soir sont transmises par radio par le biais du bulletin des journalistes, ‘Paris match’, ‘life’ et  Roger Frison-Roche témoignent à leur façon du déroulement de cette extraordinaire aventure. La progression Sud à travers l’erg du Ténéré jusqu’à Fort-Lamy se fera sans gros problème à une vitesse honorable aux vues des nombreux arrêts qu’imposent les chercheurs. L’arrivée aura lieu dans la liesse car l’événement est de taille pour ce pays enclavé… Une voie commerciale est maintenant possible avec le Nord ! Mais cette voie n’est pas praticable à des véhicules ‘ordinaires’.

La route du retour passant plus à l’Est tentera de trouver une voie « plus roulante », mais le grand Erg de Bilma (non pas Blima) imposera de tels virements de bords Est et Ouest pour atteindre un but Nord que R. Frison-Roche nous contera «… On a l’impression de naviguer sur mer par forte houle, tantôt le land Rover fonce dans les creux, dérapant sur les buttes de Marcoubas, puis brusquement, comme prise par une lame, elle se redresse, le châssis grince, une lame plus forte nous envoie au plafond, on s’accroche au tableau de bord et les phares balaient sans cesse le même paysage… ». Pour les camions Berliet c’est un SACRE, aucun problème mécanique, malgré des passages difficiles «… Pauvre Salmeron ! Il est peut être un des meilleurs conducteurs de l’équipe ! Mais comme il vient en serre-file il ne trouvera devant lui que du sable massacré, bouleversé, pulvérulent, et après de vaines tentatives il devra, rouge de colère et de confusion, consentir à utiliser un chemin de « tôles »… » Nous conte de nouveau R.Frison-Roche.Mission berliet024

Après ces épreuves, la mission passera le nouvel an à Bilma enfin « vaincu » par des moyens motorisés, pour ensuite rejoindre Djanet le 7 Janvier 1960. Les découvertes archéologiques comme les témoignages de vie dans le Ténéré depuis plus de 600.000 ans n’ont plus de cesse. Les savants chargent les camions de nombreux témoignages issus de   la découverte de squelettes de rhinocéros, du site du ‘Sous marin’ dans l’oued Blaka riche en fresques rupestres maintenant répertoriées, découvertes de massifs montagneux jamais portés sur les cartes… Une réussite que cette « mission ». Pour Berliet, les retombées commerciales pour la « Gazelle » sont extraordinaires. Il sera vendu à 32 000 exemplaires entre 1958 et 1977… Jusqu’en Chine ! Ce qui prouve pour la première fois que le partenariat Université/ industrie peut être un véritable succès.

Mission Tchad…  Encore 10.000Km…

Le 29 octobre 1960 Djanet, c’est reparti, on reprend les mêmes, Gazelles, Lands, hélico, avion, on y rajoute des GLM camions Berliet à un seul pont moteur, à vocation plus « commerciale » emportant jusqu’à 11 tonnes de charge utile ! Mais on leur monte la dernière génération de pneus sable, des 1400X20. Le but ? Trouver cette fois un passage  roulant du Nord au Sud en évitant les Erg du Ténéré et de Bilma. Le passage est  trouvé… Séguédine, puis à l’Ouest du Tibesti, la mission trouvera un Reg qui permit de foncer Sud entre l’Erg  et  la rocaille pour arriver à Largeau où l’on retrouve la piste Nord-sud  longeant le Bahr el Ghazal jusqu’à Fort Lamy. Le tandem hélico/Land Rover fonctionne une nouvelle fois à merveille… Toujours sans problème mécanique. La mission s’offre le luxe de découvrir une cité inconnue qui sera explorée au retour, le « site Voirin », nom du pilote de l’hélico qui la découvrit. Les fameuses « Balises Berliet » ont été posées tout au long du trajet et leurs emplacements seront optimisés sur le chemin du retour. La mission est un succès pour l’économie du pays car les camions à vocation « commerciale » (moins de capacité off road) se sont parfaitement comportés consommant 49 L aux 100 Km avec 11 tonnes de chargement. D’après Mr Deviq (venu avec son Land personnel), expert et transporteur saharien complice de toujours de Maurice Berliet  « … Sur cet itinéraire, il sera possible de faire passer des camions avec 25 tonnes de charges utiles…Une vraie victoire ! ».Mission berliet002

Le 17 novembre, la mission quitte Fort Lamy et sur le chemin du retour elle se consacrera exclusivement  à l’exploration scientifique et tentera la traversée Est-Ouest du Ténéré de Séguedine au Djebel Greboun site préhistorique découvert précédemment. La mission prendra fin le 7 décembre 1960 en arrivant à Djanet. Pour nombre d’entre vous, cette aventure humaine n’est pas une découverte, vous avez déjà croisé des « balises Berliet » sur votre chemin dans le désert. Elles y confirment toujours que l’on est sur la bonne route… Pour d’autres, c’est peut-être une découverte de savoir que vos Land Rover préférées furent les « éclaireurs » robustes de cette épopée des temps modernes qui encore aujourd’hui, fait rêver grâce au nom de Ténéré…Ténéré, le désert où «…Une seule chose ne varie pas, le ciel… le ciel de la croix du Sud où règne en maître le baudrier d’Orion. Celui-là m’est familier. Pour le reste, attendons demain… ».  Un espace magique, magnétique où les hommes doivent peut-être donner le meilleur d’eux même comme l’a encore une fois relaté R. Frison-Roche «… Le commandant Armand n’a besoin que d’une chose pour conduire l’expédition : qu’on lui f … la paix ! A lui la Land Rover de tête, équipée d’un compas solaire d’une simplicité déroutante. Il navigue d’ailleurs surtout à vue’… » …Inch alla..

CAMION BERLIET :  La « GAZELLE»

 Le camion Berliet Type GBC 8 M, 6×6 : La cabine est aménagée pour une conduite moins fatigante, tapis isolant et insonorisant, siéges indépendants et réglables en profondeur et hauteur à rembourrage « Latex » (un must à une époque où les dossiers de siége de série 1 finissaient tout juste d’être rembourré avec du crin de cheval… !), pare-soleil, isolation totale de la cabine au niveau des portes en cas de froid et de vent de sable, vitres permettant une ventilation optimum de la cabine. Tableau de bord nouveau modèle Berliet. Le moteur « Magic » est polycarburant ; Il fonctionne à l’essence, au gasoil, à l’essence d’avion, à l’huile…d’olive, aussi !Berliet 2

– Moteur diesel « Magic » à injection 5 cylindres de 7,4 litres, puissance maxi 150 ch (selon le carburant).
– Vitesse maxi en charge : 64 Km/h.
– 3 ponts moteur, pont avant enclanchable.
– 6 roues motrices
– Boîte de vitesse 5 cinq rapports.
– Boîte de transfert 2 rapports.
– Poids à vide 9 Tonnes.
– Charge utile 4 à 7 Tonnes, suivant les terrains.
– Longueur totale : 7,005 m.
– Hauteur : 2,670m.
Les deux ponts arrière sont toujours « moteur » en vitesse « route » (comme on disait à l’époque), le pont avant peut être enclenché en roulant très lentement. En vitesse réduite (les courtes), les trois ponts sont « moteur ».
Suspensions par Lames très longues et amortisseurs hydrauliques.

 SERIE II LAND ROVER :

À camion d’exception, nous ne pouvions mettre en parallèle qu’un Land Rover aussi exceptionnel. S’il existe un petit anachronisme que seul les puristes remarqueront, il nous pardonneront devant le caractère si particulier de ce 109, puisqu’il est équipé du 6 cylindres 2,6 L (4949 Exemplaires du série 2 station wagon en 6 cylindres) qui équipera les Land à partir de 1966 (En option seulement). Développant 84 Ch, 12Ch de plus que le 4 cylindre de 2.25 L  pour un couple pratiquement équivalent, cette motorisation (issue de la Berline Rover) était très apprécié pour son confort de roulage en charge (Jusqu’à 12 passagers). Ce modèle très rare de notre coté du Channel fut restauré avec des pièces d’origines et son propriétaire y apporta autant de soins que nos deux amateurs du GBC. Seul les modèles équipés du 2.25 L étaient disponible lors des missions Berliet de 1959 et 60, vous l’avez compris. Mais, moteur mis à part les Land Rover utilisés dans le Ténéré son identique en tous points. Les phares dans les ailes que certains pointerons comme un autre anachronisme, n’en sont pas un, puisque la grille de la calandre prouve que le 2.6 L imposant un refroidissement plus conséquent, il contraindra Land Rover à installer les phares dans les ailes.Mission berliet023

– Moteur essence 6 cylindres 2.6 L, 84 Ch à 4500 Tr/mn pour un couple de 17 Mkg à 1500 Tr/mn.
– Vitesse maxi : 105 Km/h.
– 4×4 non permanent.
-Pont avant enclenchable.
-Boite 4 vitesse.
-Boite de vitesse 2 rapports.
-Empattement 109 Pouces.

100.000 Dollars au soleil… Le film !

Berliet 3Pour retrouver sur grand écran nos Berliet, offrez-vous un DVD de ce film, une page de l’histoire du cinéma français avec des dialogues selon Audiard, Bernard Blier au volant d’un tracteur TBO, Jean-Paul Belmondo « au cerceau » d’un TLM et Lino Ventura à sa poursuite dans un magnifique GBC 6×6 « Gazelles ». Il est à noter que la version re-colorisée du film existe et comporte des erreurs à propos des couleurs des camions. En ayant l’œil et le bon, vous apercevrez peut être quelques séries 1 dans les scènes de ville… Hélas, pas plus.En l’honneur de ce film, la « Gazelles » de Lino Ventura ayant réellement participé aux deux missions dont nous venons de parler a été entièrement restaurée. Elle est ainsi visible à la Fondation Berliet à Lyon.Berliet 1

Quelques livres vous aideront à approfondir le sujet.Mission Teneré motor lifestyle

– Exploits et fantasmes Trans-Sahariens (éditions La Renégade)
– Mission Ténéré de Roger Frison-roche.
– De nombreux numéros du magazine Charge Utile traite du sujet.
– Si l’aventure vous tente ; Sahara Overland de Chris Scott éditions Trailblazer (en anglais), mais avec pleins de points GPS.
– Sur Internet : Un site très intéressant www.sahariens.info Vous y trouverez des fiches conseils, points GPS, forum, matériel de navigations, projets, infos par pays, avis sur le matériel…

La Fondation Berliet à Lyon,39, rue Esquirol – 69003 Lyon – Tél : 04. 78.54.15.34 –
www.fondationberliet.org  Un musée très intéressant, ayant pour vocation l’histoire des véhicules industriels français toutes marques. De zéro à 40 tonnes de charge utile, et une collection riche de 100 moteurs et leurs solutions techniques de 1910 à 1998… à voir …Et à méditer, car la philosophie de la Fondation c’est, « rendre leur dignité aux choses du passé… »

Un grand merci enfin à Monsieur Maurice Berliet, à Madame Chapelle et à Madame Carrière de la Fondation pour leur aide et leur confiance quant à nous prêter des documents de grande valeur.

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