Grenadier 4×4 Ineos – L’essai

4×4 Grenadier. Un test grandeur nature entre Ecosse et Lake District en Angleterre était au programme. Après avoir découvert les premiers prototypes à Valloire en 2021 sans pouvoir véritablement les essayer, nous étions impatients et curieux de prendre les commandes de celui qui a pour mission de combler le manque, presque passionnel, provoqué par la disparition de celui qui restera le « Defender Classic». Une « philosophie » du vrai 4×4 en héritage ?  Un sacré défi qui ne pouvait supporter la demi-mesure… Le roi est mort, vive le roi !

Nous voici rendus en Écosse au Sud d’Édimbourg dans un magnifique château comme seul ce pays en compte. Dans ce décor d’un autre temps, entre tours et murs à créneaux, le Grenadier semble faire partie du décor depuis des lustres. Il est vrai que sa silhouette trompera de nombreux sujets de sa majesté croisés sur notre parcours de deux jours vers le Lake District.  En effet, loin d’être copie conforme, c’est bien au Land Rover qu’il fait irrémédiablement penser.

C’était bien cela le défi que s’est lancé Sir Jim Ratcliffe dans ce pub dénommé « Grenadier »… Créer sur le même principe un nouveau et véritable 4×4 comme on en verra plus. Mis à part le Mercedes G, quelques Land Cruiser Toyota et le Suzuki Jimny, le concept d’un châssis équipé de 2 essieux rigides pour un 4×4 permanent semblait aujourd’hui condamné.

Grendier 4x4 essai ineos

Mais non ! Le patron d’Ineos pour qui le Defender et ses ancêtres font partie du décor Anglais comme 2cv Citroën et 4L chez nous, ne pouvait s’imaginer villages et cours de fermes sans cet inusable outil 4×4. Presque 10 an après cette décision, le 4×4 Grenadier d’Ineos tout droit sorti de l’usine d’Hambach en Alsace est une réalité. Vous l’avez bien lu, ce 4×4 est fabriqué en France. Qui aurait pu imaginer notre époque, celle de l’invasion de l’automobile Chinoise annoncée, qu’une nouvelle marque de 4×4 naitrait en Europe!

Mieux encore, outre le « made in France », lorsque l’on sait que les moteurs signés BMW, la boîte automatique ZF (Allemagne), les ponts Carraro (Italie), l’engineering Magna (Autriche), l’électronique Bosh, on peut comparer le savoir-faire européen déployé pour concevoir ce Grenadier à celui d’Airbus…

Versions sans malus !

Bien évidemment, si le Grenadier a été conçu pour être commercialisé et répondre aux besoins des pros comme des baroudeurs dans le monde entier, on n’a pas oublié de tenir compte des contraintes imposées par les divers taxes environnementales (et en particulier le « malus » si cher à la France). Rassurez-vous donc, le Grenadier sera disponible sans malus dans ses versions « Utility », ce qui ne vous coutera quelques 7cm entre les sièges avant et la banquette arrière ainsi qu’une grille de séparation imposée. Ainsi, le Grenadier dans sa version 5 places « Utility Wagon » de base sera à vous pour 67 890 € dans sa variante de base qu’il soit équipé en essence ou en turbo diesel. Les versions « Fieldmaster » et « Trialmaster » haut de gamme (équipées par exemple des blocages de différentiels avant et arrière) s’affichent à 75 790 €. Ineos offrira en prime aux propriétaires de ces dernières une belle veste signée Belstaff (les motards connaissent tous), marque qu’Ineos vient d’acquérir tout comme le Pub Londonien « Grenadier » où l’idée de perpétuer la légende des vrais 4×4 est née…

Grenadier 4x4 essai

Mécaniquement votre…

Vrai 4×4 ? Sans aucun doute ! L’émotion de découvrir celui qu’on attendait de conduire depuis 2 ans passée, nous nous sommes bien sûr penchés sous (et sous son capot) de ce Grenadier version définitive. Du haut de ses 2 m, ce 4×4 en impose avec 4,90 m de long et plus de 2 m de large. Sa silhouette cubique d’utilitaire rappelle sans complexes celle de celui dont le Grenadier va combler l’absence. On remarque que les ponts sont astucieusement proches des extrémités ce qui assure porte à faux réduits donc des angles de franchissement optimum (environ 35°) à l’avant et à l’arrière. La garde au sol est respectable (264 mm) et l’on nous annonce 800 mm au niveau des passages de gué ! De quoi donner envie d’aller plonger dans les flots cette calandre sans concession à l’aérodynamisme! On ne savait pas alors que c’était à notre programme…

Grenadier 4x4 essai Ineos

Mais avant de se lancer à l’aventure, de quoi disposons nous côté mécanique. Là, sous le capot trônent des références dans le monde du SUV germanique. Les blocs 3,0L six cylindres en ligne signés BMW ( X5 pour ne citer que lui), en version turbo diesel (248 ch) et essence (285 ch). Les blocs sont associés à une boîte de vitesses ZF à 8 rapports et une boîte de transfert (mécanique à l’ancienne) qui offre gammes de vitesses longues et courtes, ainsi qu’un blocage central. Autant dire que les aficionados du 4×4 pur et dur seront comblés. Ils le seront encore plus avec ces 2 ponts rigides signés Carraro, qui peuvent être équipés d’origine ou en option de blocages de différentiels. Accorder ces ensembles modernes sur un concept classique basé sur un châssis échelle à suspension à ressorts hélicoïdaux fut confié à Magna et Bosch…Qui dit mieux ? Le Mercedes Gelandwagen sera le seul concurrent du Grenadier à ce niveau.

Grenadier 4x4 essai Ineos

De l’écosse à Morecambe Bay

Durant notre périple à travers Écosse et Angleterre par les petits chemins, nous avons analysé ce Grenadier avec toute l’attention de passionnés de 4×4 face à une nouvelle marque. Malgré le volant placé à droite qui peut troubler sur route, on trouve vite nos marques à bord de ce Grenadier. Parfaitement installé dans les sièges avant Reccaro, volant réglé, il suffit de passer sur « drive » pour commencer à l’apprécier.  Le silence de fonctionnement est tel qu’il faudra attendre l’arrêt à la première étape pour savoir si nous avons à faire au moteur essence ou son équivalent turbo diesel. Car de ce côté peut de différence ressentis entre les deux motorisations. Peut-être un peu plus de couple (550 Nm) sur ce dernier (contre 450 Nm pour le premier), mais grâce à la boîte automatique la seule préoccupation demeure de savoir où l’on pose ses roues avant. C’est bien le plus important en off road.

Au niveau de la direction, justement, on pourra être troublé car celle-ci s’avère non pas moins précise, mais elle filtre mieux (presque trop) le relief, troublant l’habitué des bons vieux 4×4 d’antan qui avait pris l’habitude de prendre garde aux retours de volant pour conserver des pouces en bon état. Ici plus besoin de cette précaution. Juste un question d’habitude…

Grenadier4x4 ineos Essai

En ce qui concerne le pilotage de ce Grenadier, on pourra conserver ses autres bonnes habitudes. En effet, on dispose bien de la panoplie complète et contrôlable manuellement de ce 4×4 permanent. Au fur et à mesure que les difficultés du terrain apparaissent, on utilisera tout d’abord, le blocage central, puis si nécessaire les blocages avant et arrière.  Que les moins expérimentés se rassurent, il y a aussi au plafond le bouton « Off road mode » qui se chargera automatiquement d’agir sur la mécanique (moteur, pédale d’accélérateur, freins…) facilitant ainsi les évolutions sur les terrains instables, tout comme le mode « Descent control» surveillant la vitesse choisie face aux pentes les plus raides.

Grenadier4x4 ineos Essai

Prise ne main effectuée, nous voici plus à l’aise et c’est ainsi que l’on peut constater que l’empattement long (2,92m) offre au Grenadier une tenue de cap parfaite à haute vitesse sur piste, bien assistée par des ponts convenablement guidés et une suspension assurée par un couple qui fait ses preuves. Autrement dit,  Bilstein (amortisseurs) et Eibach (ressorts).

L’exercice spectaculaire et juge de ligne pour un 4×4 c’est aussi le fameux « croisement de pont » ou « levé de papatte » pour les intimes. Ici le Grenadier fait dans l’excellence puisque nous l’avons testé simplement avec le blocage de différentiel central engagé (sans les blocages de ponts). En vitesses courtes (Low), le déhanchement des ponts dévoile des débattements conséquents, rien ne vient toucher côté soubassements…Exercice réussit, un vrai succès pour ce Grenadier qui affiche tout de même plus 2,5t sur la balance !

Grenadier4x4 ineos Essai

C’est sur une nouvelle séquence émotion que se termine notre périple à bord de ce 4×4. La traversée de la baie de Morecambe (Lake District) à marée montante fut un grand et rare moment. Laisser des journalistes se lancer dans cette manœuvre à risque, prouve bien que, non seulement le Grenadier est étanche, mais aussi la confiance de l’équipe d’Ineos dans les capacités off road de son produit. Un 4×4 au Braveheart* comme on n’en attendait plus !

Ineos Grendadier Website

Si aujourd’hui, le prince Charles n’est pas encore roi, avec ce Grenadier on peut déjà s’écrier… Jim saved the King !

Grenadier4x4 ineos Essai

*cœur brave