Halt’up ! Mi Range-Mi démons… Dakar Rallye

Par Didier Griffoulière

Il y 30 ans, Pascal Vigneron, patron de la société Halt’up, quittait définitivement le monde de la compétition automobile sans se retourner. Pourtant, avec Dominique son frère, nos jumeaux furent des acteurs majeurs des débuts de l’épopée du Rallye raid. En cette année 2022 après plus de 50 ans de carrière du Range Rover, nous ne pouvions manquer de vous conter la saga africaine de celui qui fut aussi une sacrée machine à gagner entre dunes et baobabs. Ce jeu de piste nous conduit à remonter une fois encore le temps. Il y a 40 ans, alors que le garage Halt’up ouvrait ses portes à Paris dans le 15^e arrondissement, débutait l’un des chapitres parmis les plus légendaires du sport mécanique ; Le sprint Land Rover vers Dakar.        

C’est avec Pascal Vigneron que débute ce voyage au cœur de la légende Land Rover, intimement liée à celle des Rallyes Africains et plus particulièrement du Dakar. Cela fait presque 20 ans qu’il a tourné définitivement cette page de sa vie, Pascal. Une décision difficile…Pendant 5 ans, je m’obligeais à couper la télé quand j’entendais “Paris-Dakar“… Autant dire qu’il faisait partie des plus accros de cette époque qu’il considère aujourd’hui, comme une aventure “humaine“ extraordinaire avant d’être “sportive“, même si, convaincu par son frère Dominique, le défi mécanique fut à l’origine de 10 ans de Halt’up. Merci à Pascal d’avoir accepté d’ouvrir pour nous deux décennies plus tard ces cartons poussiéreux dont il ne s’était jamais séparé.  Si les passionnés reconnaîtront certaines archives, d’autres sont bien plus rares voir inédites. Quant à la véritable saga Halt’up, la voici.

Le Range 4^e à Dakar

Tout débute le 26 Décembre 1978, sur l’esplanade du Trocadéro, le rêve devenait réalité pour 170 concurrents. Le premier Paris-Dakar s’élançait pour plus de 10.000 Km sur les pistes d’Algérie, du Niger, du Mali, de la Haute-Volta et du Sénégal. L’impact de cette première édition est retentissant, c’en est fait de ceux qui mordront à l’hameçon, le “Dakar“ changera leurs vies. Si sur cette traversée héroïque le classement mêle encore motos et autos, sur 4 roues c’est le Range Rover du trio Genestier,Terbiaut et Lemordant qui rallie en tête la capitale sénégalaise devant une 4L Renault et deux Fiat. Le très chic lord Anglais né en 1970 prouvait désormais qu’il n’était pas simplement à l’aise sur les trottoirs des Champs Elysées.

L’african Queen

Si lors de la seconde édition du Dakar (1980), la surprise viendra d’Outre Rhin avec la victoire des Iltis Volkswagen (premier Team “structuré“), pilotés par Kotulinsky, un certain Patrick Zaniroli et Jean Ragnotti (transfuge du Rallye asphalte), au classement général, on ne compte pas moins de 9 Range Rover parmis les rescapés (81autos à Dakar sur 116 ). La légende est en marche alors qu’il est déjà très en vogue d’aller commander son robuste 4×4 Range Rover chez Autorama, concession Rover de Malakoff, chez celui qui fait déjà partie des grands noms du sport automobile Français ; René Metge. C’était écrit, le “Cow boy“ ne pouvait passer à côté du Dakar. Il se lance dans l’aventure l’année suivante au côté du très médiatique présentateur télé Bernard Giroux, à bord du fameux Range V8 deux portes arborant les couleurs arc-en-ciel de l’hebdomadaire VSD. Le Dakar 1981 (3^e éditions) se termine pour l’équipage par une victoire magnifique sur une concurrence qui devient féroce (Lada, Mercedes, Toyota), mais aussi sur la propre mécanique du Range (la boîte de vitesse en particulier !) qui avoue ses limites. Surnommé l’African Queen, le Range doit évoluer s’il veut conserver son statut.

Halt’up concessionaire Talbot-Peugeot

C’est à cette époque que Dominique Vigneron, dingue de compétition auto et mécanicien diplômé, convainc son frère Pascal qu’il sont complémentaires et qu’il est temps de se lancer (à 23 ans), en rachetant un garage parisien concessionnaire Peugeot- Talbot dans le 15^e. Si Pascal, sortant d’études de gestion n’est pas un roi de la clé de 16, il s’avère bien vite un sacré “public relation“ et voici que le petit garage Halt’up, se lance dans le sponsoring sur le Championnat de France production. C’est ainsi, par exemple, que Bernard Beguin et un certain Jean-Louis Schlesser (28 ans) courent les épreuves du Championnat à bord de Ford ou BMW arborant les couleurs Halt’up. Si le projet d’une écurie en association avec Philippe Burdjian voit le jour en 1982 (2 BMW), dans le milieu de Montléry les liens se tissent, entre autres, avec Jean-Pierre Gabreau (coupe Gordini) et René Metge (vainqueur du Championnat production 82 sur Rover), des stars de la discipline.

À l’occasion des Dakar 1982 et 1983, dans le Team des Range VSD préparés chez Autorama, Metge malchanceux, seul le Range de Zaniroli tire son épingle du jeu face aux R20 (Marreaux, 1^een 82), Lada (Briavoine, 2^een 82, Trossat 2^een 83), Mercedes (Ickx 1^e en 83) et d’autres Range (Lartigue, 3^e en 83) préparé par ETT. En revanche sur ces deux éditions Jean-Pierre Gabreau, copiloté par le marin Alain Gabbay, se lancent sur le Dakar aux commandes de Range couleur de “33 Export“ eux aussi sortie de Malakoff. Si l’aventure tourne court l’apprentissage est riche pour l’équipe Halt’up venue en assistance. On pense déjà à la meilleure façon de faire évoluer le vaisseau amiral de la marque Anglaise.  

C’est durant l‘année 1983, lorsque Jacky Ickx contacte René Metge afin qu’il participe au projet Dakar de Porsche, que ce dernier propose à Jean-Pierre Gabreau de prendre en main l’avenir du Range Rover avec les frères Vigneron. Un grand seigneur Mr Metge…Un sacré parrain qui introduit l’équipe chez Land Rover auprès de Mr Yon qui fut durant 10 ans un supporter farouche.

Range Halt’up “Pacific“, les officiels Land Rover.

Le défi est de taille pour l’équipe Halt’up qui se retrouve à assurer la préparation. Tout reste à faire. Si Jean-Pierre Gabreau trouve une aide financière substantielle du côté de chez Ricard auprès d’Alain Juillet (directeur général) et qu’Austin Rover en France joue le jeu, en quelques mois, le Range évolue. Il conserve encore son 3,5L V8 à carburateurs modifié (arbre à cames, échappement), mais son empattement s’allonge de 170 mm, ce qui, associé à des suspensions “doublées“ (huit amortisseurs Bilstein), offrira une tenue de cap plus efficace. Il s‘allège ensuite sensiblement (environ 600 Kg), malgré de nombreux renforts, grâce à une caisse en fibre de verre. Les deux Range Rover “Pacific“ (l’apéro sans alcool), font la “Une“ de la presse avant, pendant et après le Dakar 1984.

En effet, si cette première mutation vraiment visible du Range devait faire ses preuves, le pari fût gagné. Le maillot jaune de la belle naïade qui trônait sur la carrosserie était un signe. Face aux 2 Porsche pilotées par René Metge et Jacky Ickx (copiloté par Claude Brasseur), les deux Halt’up se sont avérés bien plus performants que par le passé. Patrick Zaniroli copiloté par Jean Da Silva s’adjugent la seconde marche du podium à Dakar, alors que Jean-Pierre Gabreau, toujours copiloté par Alain Gabbay, fini 11^e , mais offre la seule victoire de spéciale de cette édition (El Goléa-In Salah) au Team Range Pacific Halt’up.

Durant la saison de Rallye Raid 1984, le Range Pacific (Gabreau/ Pipat) fait encore parler de lui terminant à la 2^e place sur le  Rallye de l’Atlas 3^e du nom derrière la Lada de Lartigue/ Giroux. On titrait alors que ce fut …Le plus beau sprint d’Afrique…

Un détour par le Land 110

L’année 1984 sera consacrée à répondre aux attentes de Land Rover qui souhaitait promouvoir son nouveau 110 V8. Nouveau défi à relever pour les frères Vigneron, leur équipe (Désormais réellement  reconnue) et Jean-Pierre Gabreau. Deux autos officielles “Pacific“ seront engagées sur le Dakar 85, l’un pour l’inséparable équipage Gabreau/ Gabbay et l’autre pour Henry Pescarolo qui sera copiloté par le commandant de bord (d’Air France) Patrick Fourtick. Malgré le soin apporté aux autos, l’affrontement face à Mitsubishi tournera court, la baraka n’est pas au rendez-vous sur la 7^e édition du Dakar. Malgré le 110 Pacific en Une de l’équipe du 8 janvier, c’est un double abandon qui attendait le Halt’up (Pescarolo qui noie son moteur, un comble sur un Dakar !), seul le 110 V8 d’assistance de Guy Dupart et Patrick Destaillats sauve l’honneur en finissant 57^e.

Côté clients, ce n’est pas mieux, le très médiatique 110 V8 d’Arnault Lucbert arborant les couleurs de Lee Cooper/ Depardieu (Gérard), abandonne aussi. Il faut dire que cette année-là, le Dakar comptait après 14.000 Km, 146 autos à l’arrivée sur les 362 ayant pris le départ. Durant la saison des Rallyes 85, le 110 Halt’up prouve pourtant qu’il était un sacré outil pas si Pacific que ça en remportant le 4^e Rallye de l’Atlas. L’hécatombe fut cette fois dans l’autre camp; Chez Mitsu.

Pascal Vigneron nous avoue que durant l’année1984 un prototype de 110 V8 sans châssis échelle, conçu à 100% en Kevlar avait roulé… Il aurait peut-être été une avancée technologique importante, performante et décisive pour l’avenir. Mais, chez Halt’up ça tournait déjà au rythme des 3 “huit“ depuis 1982, les temps de mise au point étaient trop réduits entre 2 Dakar, le projet fut abandonné…

Heureux comme un 51…

out en courant les Rallyes 85, Halt’up s’installe définitivement  dans un nouveau local à la mesure d’une clientèle de “privé“ qui croit  sans cesse. Désormais situé Avenue du Hoggar (ça ne s’invente pas !) aux Ulis (91), l’équipe s’attaque à la conception d’un nouveau Range. Celui-ci marquera de nouveau les esprits avec une nouvelle carrosserie affiné qui fut étudiée en soufflerie à Saint Cyr l’Ecole (une première pour un 4×4 de l’époque), pour un coefficient de pénétration dans l’air amélioré de 25%. Mais ce n’est pas tout, sous cette peau élégante collée au châssis se cacheront les premiers V8 à injection séquentielle. La maison mère de Land Rover s’implique réellement, en fournissant des blocs 4,2L (dérivé des berlines Rover), en provenance directe de chez JE (John Eals) en Angleterre. On passe ainsi allégrement le cap des 260 Ch. On tente alors celui des montées en régimes fulgurantes en adaptant des poussoirs mécaniques, mais ceux-ci n’étaient pas adaptés aux longues étapes africaines, le poussoir hydraulique reste la seule solution viable. Les transmissions doivent suivre, la robuste boîte 5 vitesses Santana prend du service. Les châssis et les transmissions (à différentiels Torsen arrière) n’ont jamais été aussi solides et les débattements (8 combinés bilstein) atteignent 190 mm. Quant à freiner tard, pas d’inquiétudes, des disques ventilés 320 avant, 300mm arrière et étriers AP Racing sont là pour stopper efficacement ce Range qui a repris un peu d’embonpoint (1450 Kg). Ce sont Trois autos qui se présentent au départ du Dakar 86 avec deux équipages aguérris ; Gabreau/ Gabbay, Pescarolo/ Fourticq. Le troisième est composé du non moins célèbre Jean Ragnotti qui sera copiloté par Daniel Eymard, le PDG de Pastis 51 en personne. 

Cette édition du Dakar 86 marquée par la disparition de Thierry Sabine voit les Porsche et les Mitsubishi s’adjuger les places d’honneur. Pourtant, les Range Halt’up avaient mené dés le début en Algérie. Un résultat très moyen avec un Jean-Pierre Gabreau classé 8^e et Ragnotti 19^e à Dakar alors que le Range de Pescarolo brûle. Mais, ce Dakar fut un véritable marathon, on ne comptait que 70 rescapés en auto sur les 282 au départ. 15.000 Km c’est très long pour une auto dont les essais furent limités faute de temps.

Land Rover met plein pot…

Si en 86 Jean-Pierre Gabreau s’adjuge une dernière fois  au volant d’un Range le Rallye de l’Atlas désormais surnommé le Grand prix des Kasbahs, celui-cicède à l’appel de Toyota qui lui propose de monter un Team officiel pour le Dakar. S’il embarque avec lui le budget Pastis 51, un seul mécano Halt’up le suivra. L’équipe qui ne compte plus ses heures depuis des années est soudée comme jamais par la passion en cette période faste durant laquelle trouver des partenaires n’est pas un problème si l’on joue la carte du “star system“.

Alors que les clients “privé“ font la queue aux Ulis, par le biais de Patrick Zaniroli, VSD et Plein Pot (le Midas d’antan), seront les nouveaux partenaires de deux autos (Zaniroli et Raymondis), alors qu’une 3^e auto est préparé pour Patrick Tambay qui arrive avec son budget Suisse (Chayto et Le Richemond). Le Range conçu l’an passé est optimisé (carrosserie 100% carbone/ Kevlar entre autres) et la puissance moteur atteint les 280 Ch.

De quoi répondre du tac au tac à un nouveau challenger de taille ; Peugeot et ses 205. 

Peugeot- Halt’up ; le duel

Ce Dakar  87 s’annonce ainsi comme le choc des titans au milieu des sables avec des grands noms du sport auto tels Ickx et Briavoine (Lada), Cowan (Mitsubishi), Pescarolo (Toyota) qui joueront plutôt les témoins que les acteurs lors de ce combat sans merci. Si chez Halt’up on fait partie des favoris avec 3 autos officielles (Zaniroli, Raymondis et Tambay) auxquels il faut ajouter Colsoul (en tant que privé), la grande inconnue reste Peugeot qui aligne ses 205 pour la première fois avec aux commandes  de sacrés numéros ; Vatanen, Metha et Zanussi.  À voir l’armada d’assistance déployée par Jean Todt, on comprend vite qu’une autre époque débute en Rallye Raid.

Le choc est de taille entre deux concepts. Les autos de Rallye raid étaient jusque-là conçues pour une course de 15000 Km, chez Peugeot elles sont prévues pour des étapes de 800 km ! Au bivouac le soir, on en croit pas ses yeux, chaque matin ce sont des autos neuves qui prennent le départ des étapes du jour. La lutte sera pourtant féroce avec d’office les Peugeot en tête sur les pistes rapides d’’Algerie.

Puis c’est au tour d’Hubert Rigal copiloté par Bernard Maingret  et  d’un Japonais dénommé Shinozuka sur Mitsu, de briller. Vatanen fait alors parler la poudre suivit de  Zaniroli dont le Halt’up envoie du lourd, tandis que Patrick Tambay s’offre son premier scratch à Gao, belle performance qu’il rééditera encore à deux reprise. De la F1 des circuits à la F1 des sables Tambay s’éclate, on le reverra à coup sûr. Si rien n’est perdu sportivement, la sombre histoire de “La roue de secours de Vatanen…“, lui sauvant la mise à deux étapes de l’arrivée, prouve bien que les choses sont définitivement en train de changer sur le Dakar. Cette seconde place pour Zaniroli et son Halt’up a un goût bien amer. Pour Tambay 20^e et l’équipe de Pascal et Dominique Vigneron, l’injustice aura pourtant un effet turbo. 

L’ultime Halt’up…Le Camel

Chez  Halt’up, on commence déjà par piquer le sponsor officiel des Peugeot ! En fait, déjà partenaire de Land Rover sur le célèbre Camel Trophy , le cigaretier ne trouve pas son compte avec Peugeot (liberté d’expression réduite ) et souhaitait changer de partenaire. Une bonne nouvelle, puisque si les budgets des années précédentes tournaient autour des 4 millions de Francs, chez Halt’up, on passe la 5^e pied au plancher avec du monde sous le capot, soit 17 millions de Francs. Un nouveau Range pour le Dakar 88 en quelques mois ? Chez Halt’up c’est possible, du classique ! Ceux que l’on dénomme aujourd’hui les Range Camel Racing passent ainsi en quelques mois de la planche à dessin à 4 magnifiques protos.

L’ultime Halt’up se veut plus léger (carrosserie de 27 Kg en Kevlar), son moteur V8 (4,0 puis 4,2L toujours préparé chez JE) est réculé de 270 mm et développe 300 Ch. Il permettait au Range de taper allégrement les 215 Km/h. La puissance était transmise via une boîte 5 vitesses X-Trac (issue de la F1). Les suspensions suivaient avec 8 nouveaux combinés mis au point par Marzocchi. Autant dire que la pression monte avant le Dakar, les Halt’up s’affichant en tant que rivals officiels des Peugeot.

Pascal Vigneron pense alors…À cette bande de fous furieux, qui composait Halt’up, sans qui rien n’aurait été possible…Des personnalités fortes, des talents, des artistes dans leur genre. Il faut absolument remercier cette équipe ; Benoît Riverin, Jean-Jacques Pisson, “Pierrot“ Rigenbach, Gilles Groussard, Laurent Lebourgeois (et ses Normands venus du 2CV Cross),Gérard Lorand…Sans oublier les collaborateurs extérieurs tel Jean-Marc Crespin (CJM). Exemple parfait du passionné, ami, il devint ensuite pilote “privé“ sur Halt’up…On était 10 permanents au Ulis, sur le Dakar 88 le Team Halt’up représentait 50 personnes… La voix  pleine d’émotion, Pascal poursuit sur ce qui fut une belle revanche sur l’édition précédente.

C’était bien une veillé d’arme sur la place d’armes du château de Versailles en ce 1^e janvier 88 pour les 603 engagés. Les 4  Range Halt’up ! pilotés par Zaniroli, Tambay, Canelias et l’américain Malcolm Miller (la vraie doublure de Steve MC Quen dans ses cascades), auront à faire face aux Peugeot de Vatanen, Kankkunen, Pescarolo et Ambrosio. Mais dans ce duel annoncé s’invite rapidement Mitsubishi avec un débutant qui à vite apprit ; Shinozuka. Si Vatanen mène la danse enchaînant les scratchs, Tambay s’accroche et affiche deux spéciales à son actif avant Bamako. Un exploit …Nous affirme Pascal Vigneron…. Nous avions rencontré tant de problèmes de fiabilité que Zaniroli et Canelias avaient abandonné… Mais cette fois, la “disparition-réapparition“ mystérieuse de la Peugeot de Vatanen c’était trop gros. C’est l’autre Finlandais de la marque au lion, Kankkunen, qui monte sur la 1^e marche du podium. Il est suivi du Mitsu de Shinozuka et de Patrick Tambay, alors que le second Range Halt’up, celui de Miller, accroche la 4^e place et celle très honorifique de 1^e “privé“. Côté assistance rapide, on assure aussi le binôme Dupard/ Bocandé termine 11^e, Pas mal pour une première sortie officiel !

Régime sec…

Si les performances des Range Halt’up 87 offraient de belles perspectives pour les prochaines éditions du Dakar une fois fiabilisé, il faudra désormais compter sans Camel.  En effet Reynolds Tabacco décide de se retirer du sport automobile (écurie F1, Camel Trophy et Dakar). Le ciel commence à s’assombrir au-dessus des dunes, la période dorée s’achève, la loi Evin c’est pour 1991 et le duel Fisa (Jean-Marie Balestre)- Peugeot (Jean Todt) au sujet de l’arrêt du Groupe B fera des dégâts jusque dans les dunes . Pas encore au régime sec, Henri Pescarolo partira sur le Dakar 89 avec un Range Halt’up aux couleurs des gaufrettes Quadro (qui alimentreont toute l’équipe durant le Dakar), alors que Zaniroli marchera au Sojasun. Un menu qui ne convient pas aux “ vieux Dakariens“ semble t’il, puisque ce dernier abandonne sur choc avant grave. Pescarolo  assure et s’offre une 22^e place et se promet de remettre ça l’an prochain. Mistu et Peugeot, toujours plus en force, se partagent les places d’honneurs.

La fin de la belle épopée

Au départ du Dakar 1990, les clients “privé“ et Henry Pescarolo partant aux couleurs de DB (Daniel Bouillon), y croient toujours. Mais l’évolution des machines concurrentes de cette époque ne laisse pas de répit. Si le Range de Pesca est encore à la hauteur, un malencontreux plein fait avec du carburant avion n’est pas apprécié par son moteur V8. Sanction, l’abandon. Le rouleau compresseur Peugeot passe et touche enfin au but avec un triplé magistral de 405 (Vatanen/ Waldegard/ Ambrosino). Si ce podium fût acquis de haute lutte face à Mitsubishi, le Dakar est bien devenu le terrain de jeu des usines, et pour longtemps.

Durant cette année, chez Halt’up, on se prépare pourtant à participer en 1991 à une autre aventure un peu plus à l’Est ; Le Paris-Pékin. Les budgets sont bouclés les sponsors DB, la RATP et Total sont dans le coup. Malheureusement la géopolitique fait des siennes (côté Soviétique), l’épreuve est annulée. Le désengagement définitif de Land Rover en Rallye (dont ce n’est définitivement plus la philosophie), sonne le glas de la belle époque et par la même de la décennie Halt’up.

Si l’homme passion mécanique, Dominique Vigneron, continu encore deux ans les activités Halt’up à côté de Carpentras, il ferme définitivement la porte de l’atelier en 1993, la seconde génération de Range (Le P38) ne sera jamais homologué pour la compétition. De son côté Pascal avait réalisé dés 1991 qu’il n’avait pas vue passer ces 10 ans et qu’il n’avait pas vu grandir sa fille. Il lui faudra des années pour “décrocher“ et qu’il se décide à ouvrir de nouveaux ses cartons. Encore tout étonné par les passions qu’on fait naître ces F1 du désert qu’étaient les fameux Halt’up. Il l’a fait avec nous, Merci. Si en 40 ans le Range est devenu une institution, c’est certainement parce qu’ils nous ont tous fait rêver les gars de chez Halt’up. La grande fierté de Pascal fut que pratiquement tout les membres de l’équipe “des Halt’up“ poursuivront leur carrière chez Citroën en participant à un autre Saga…Celle de la ZX !